Le passage des derniers chasseurs à Jouars-Pontchartain (78)

 

Un diagnostic d’archéologie préventive, réalisé en 2012 par le service archéologique des Yvelines, a permis de mettre au jour une occupation d'une période peu connue qui voit la fin de la dernière glaciation : le Mésolithique (entre – 9 000 et - 7 200 ans).

 

Comme d’autres sites de cette période, les indices se résument à des concentrations d’objets en silex, localisées sur un léger replat, dans un versant exposé à l’ouest. Ils sont tous contenus dans une couche de sédiment de couleur grisâtre à dominante sableuse. Cet ensemble correspond à un véritable sol d’occupation préhistorique recouvert par des dépôts sédimentaires, plus ou moins conséquents, issus du glissement des terrains situés plus haut. Ce sol a donc été épargné par l’érosion. Autrement dit, les objets ont été retrouvés là où les chasseurs-cueilleurs les ont abandonnés. Ces indices permettent de percevoir ce qui pourrait être le campement de courte durée (saisonnier ?) d’un groupe de chasseurs.

 

Le plan de répartition des objets a permis d’estimer l’extension de l’occupation à environ 7 500 m². Plusieurs secteurs de quelques mètres carrés ont été fouillés de façon à obtenir des informations plus précises sur son organisation interne. Ce sont ainsi huit sondages de 4 m² chacun qui ont été ouverts, sur une trentaine de centimètres de profondeur.

 

 

 

Répartition et étude du mobilier

 

Au total, 107 objets et près de 100 esquilles de silex ont été découverts dans les 32 m² concernés. Il faut toutefois souligner que les quantités mises au jour varient de manière conséquente d’un sondage à l’autre.

 

La distribution des vestiges n’est donc pas uniforme sur le replat où se sont installés les Mésolithiques. Certains silex portant des traces de chauffe ne se répartissent pas de manière aléatoire, bien qu’aucun foyer n’ait été identifié. En effet, dans quelques sondages, les silex brûlés atteignent un taux de près de 50 % tandis que d’autres n’en comportent aucun.

 

Le même constat peut être dressé pour la répartition des blocs de matière première, des outils et des pointes de flèche. Ces différences significatives vont dans le sens de l’existence d’aires bien délimitées, dévolues à des activités qu’il est malheureusement difficile d’identifier avec certitude.

 

 

 

 

 

 

La chasse à l'arc

Le mobilier étudié se compose essentiellement de silex taillés auxquels s’ajoutent quelques éléments en grès-quartzite. Les outils, indifféremment réalisés à partir d’éclats ou de lames de ces deux matériaux, demeurent rares mais sont assez variés (grattoirs, burins, denticulés). Ils ont très vraisemblablement servi au traitement du gibier chassé dans les environs (découpe, raclage de la peau…).

 

Les blocs de matière première et les déchets de taille représentent au contraire une part importante des vestiges récoltés. Comme souvent, la taille du silex constitue une activité de premier plan des groupes de chasseurs. La confection sur place des pointes de flèche est bien attestée par la présence des déchets de fabrication, confirmant l'usage de l'arc qui apparait au début de cette période de réchauffement.


Ainsi, à bien des égards ce site apparaît comme une découverte importante. Dans le département, il s’agit du premier site mésolithique bien conservé, étudié dans le cadre de l’archéologie préventive. Les indices de cette période à l’ouest de Paris demeurent encore peu nombreux. À l’exception de sites anciennement fouillés à Sonchamp (Hinout, 1995) et Auffargis (Daniel, 1965), la plupart des informations est effectivement issue de prospections pédestres et ne permet pas de réfléchir à l’organisation des campements occupés par les derniers chasseurs-cueilleurs du Bassin parisien.