La sépulture d'un archer du Néolithique
Une tombe a récemment été découverte lors d’un diagnostic en bord de Seine, à Saint-Martin-la-Garenne dans les Yvelines. Cette sépulture individuelle s’avère exceptionnelle par la rareté de ce type de vestige pour la période concernée (deux attestées en Île-de-France). En effet, datée à l’aide du mobilier qu’elle a fourni et du Carbone 14 de l’extrême fin du Néolithique, voire du début de l’âge du Bronze (vers 2 200 ans avant J.-C.), elle répond aux normes funéraires de la culture dite du Campaniforme. Cette culture est connue, de façon relativement uniforme, sur une grande partie de l’Europe occidentale (du sud Portugal jusqu’au Danemark).
Fait particulier, la tombe dite "en pleine terre" (simple creusement dans le sol) devait être matérialisée en surface car quatre blocs massifs, en calcaire, avaient été placés le long du bord nord de la fosse. L’étude anthropologique a montré que le défunt était un homme adulte (30-49 ans), sans pathologie visible et ayant eu une alimentation variée. Il a été inhumé sur le côté gauche avec les jambes et les bras fléchis et la tête orientée au nord-est. L’étude a pu déterminer l’existence d’un linceul entourant le corps au moment de l’inhumation (probablement un tissu qui s’est décomposé). Les ossements sont relativement bien conservés bien que la totalité du corps ne soit pas représentée (manquent quelques phalanges et métatarses).
Autre élément particulièrement intéressant, l’individu était accompagné pour seul mobilier funéraire d’un brassard d’archer, en schiste, situé sur l’avant-bras droit, près du coude. Cet objet rectangulaire, présente une perforation à chaque extrémité et un polissage intégral très poussé. Ce type d’objet est utilisé aujourd’hui par les archers, mais en cuir, pour la protection de la face interne de l’avant-bras contre le frottement de la corde après le tir. Il est généralement placé au niveau du poignet (et au bras gauche pour les droitiers) (cf. image d'expérimentation). La présence de cet objet confirme l'usage de la chasse chez une population sédentarisée, vivant d’agriculture et d’élevage.
Seulement quatre exemplaires de brassards de ce type avaient jusqu’alors été recensés dans la moitié nord de la France, s’intégrant parfaitement à la culture campaniforme à l’échelle européenne.
Une étude récente portant sur les brassards néolithiques espagnols (Pedro Muñoz Moro, 2017) propose un autre usage possible comme aiguisoir à lames de cuivre ou de bronze, grâce à l’analyse des traces caractéristiques identifiées en surface. Cette nouvelle piste ouvre les débats sur les gestes du tireur à l’arc de cette période.
Les sépultures à la fin du Néolithique
Avec une cinquantaine de sépultures individuelles connues, la tombe de Saint-Martin-la-Garenne vient enrichir considérablement nos connaissances sur les pratiques funéraires de cette période charnière de la Préhistoire.
En effet, des dépôts d’objet sont encore réalisés dans des sépultures collectives mégalithiques (comme l'allée couverte d’Epône). Cette pratique est d’ailleurs attestée à proximité avec la découverte, à la fin du XIXe siècle, d’un vase entier dans une allée couverte détruite au Val des Cimetières à Follainville-Dennemont (78).