Néolithique
Le territoire et les hommes
Les vallées de la Seine et de ses affluents constituent de grandes voies de transport et d’échanges et, par conséquent, des lieux privilégiés d’installation. En effet, on y remarque une concentration particulièrement importante d’objets néolithiques sur des terrains précédemment fréquentés par des chasseurs-cueilleurs. Dans un second temps seulement, les populations colonisent les plateaux et leurs versants.
La néolithisation est un phénomène lent qui se développe à partir - 5 500 dans l'ouest parisien. Elle apporte de tels changements dans les modes de vie et l'économie des populations que les archéologues ont de plus en plus tendance à sortir cette période de la préhistoire, d'autant plus que dans d'autres régions du monde des formes de pré-écriture apparaissent. On utilise alors le terme de Protohistoire
En région parisienne, les vestiges archéologiques de cette période appartiennent à différents groupes culturels, arrivés par l'est et le sud et qui se sont succédés sur le territoire en acculturant les populations locales. Ces groupes sont définis par leurs types d'outillage ou le décor de leurs céramiques (ex. : le "Villeneuve-Saint-Germain" et le "Cerny").
Cette période connaît un développement des échanges parfois lointains. Le plus souvent, on troque des denrées et des objets entre villages proches. Mais certaines lames de haches, en matières rares (ambre, silex de très bonne qualité…) peuvent voyager très loin. Pour les transporter, les vallées fluviales et la mer constituent des voies de circulation privilégiées. Témoin de ces réseaux d’échange, le grand nombre de bracelets en schiste découvert dans le département alors que l’on n’y trouve pas ce matériau à l’état naturel. Le schiste est importé de Bretagne ou du Massif Central alors que les bijoux sont fabriqués localement.
Production agricole et exploitation des ressources
Les populations de chasseurs-cueilleurs des périodes précédentes deviennent progressivement des cultivateurs sédentaires, travaillant la terre et domestiquant des plantes comme des céréales (blé, orge, avoine…) et des légumineuses (pois, lentilles…).
Amenant avec eux des chèvres du Moyen-Orient, ils apprivoisent et domestiquent ensuite d'autres espèces plus locales (bœufs, porcs).
Cette période est marquée par les premières déforestations du territoire, phénomène qui s'intensifiera avec l'utilisation des métaux dans l'outillage (âges du Bronze, puis du fer). Les groupes humains marquent ainsi de manière plus visible leur environnement pour leurs besoins d'espaces agricoles et la construction des habitations.
Parallèlement aux activités agro-pastorales, des individus se spécialisent dans la fabrication d’objets de la vie quotidienne (céramique, outillage en silex, objet en os, vêtement...).
C’est la naissance des premiers artisans.
De nombreuses innovations techniques découlent de cette nouvelle façon de vivre.
Les premières exploitations minières font leur apparition. Le ramassage du silex en surface ne suffit plus à l’approvisionnement en matière première, il faut atteindre le silex en sous-sol.
Sur les communes de Flins-sur-Seine (78) et de Sèvres (92), de vastes minières, sous forme de puits et de galeries d’extraction de rognons de silex, ont été découvertes. Ces sites, témoins d’une véritable "industrie du silex", ont livré des milliers de déchets de taille, de mise en forme de blocs de matière première et des ébauches d’outils. Après son extraction, les blocs de silex étaient retaillés par des artisans spécialisés pour la réalisation des outils définitifs.
L’agriculture et la coupe du bois engendrent la fabrication de nouveaux outils pour moudre et broyer par exemple (meules, broyeurs, pilons…) et pour couper les végétaux. Mais l’invention la plus importante dans le travail de la pierre est le polissage. En effet, les outils, comme les haches, ainsi rendues lisses, deviennent plus résistantes et efficaces. Plusieurs blocs de grès naturel portant des traces de polissage sont encore conservés sur le territoire (ex. aux Mureaux).
Mais les changements ne s’arrêtent pas là : le façonnage et la cuisson de l'argile pour réaliser des récipients, permettant le stockage des aliments, ou le tissage des fibres végétales teintes, pour réaliser des vêtements, sont quelques-unes des autres innovations du Néolithique.
Habitat et architecture
Sédentaire, l’homme du Néolithique construit des maisons solides, faites pour durer, en bois-terre et chaume. Une maison de type "danubienne" (importé de l'est de l'Europe), de forme allongée, a pu être fouillée dans le centre-ville de Rueil-Malmaison (92).
Aux alentours de - 4 000 ans, les villages se multiplient en raison d’une forte poussée démographique. Les premières fortifications apparaissent (palissade de bois, fossé ou rempart), ce qui laisse supposer l’existence de conflits.
A Mézières-sur-Seine, à Epône (78) et Rueil-Malmaison (92), plusieurs habitations ont été repérées grâce à la concentration très importante d'objets de la vie quotidienne : éclats et outils divers en silex, lames de haches polies en silex et en grès, fragments de céramique et de bracelets en schiste…
Les deux départements conservent également plusieurs menhirs (gros bloc de pierre allongé ou dressé) qui servaient probablement à délimiter ou marquer différents territoires. On peut citer "la Pierre Levée" à Drocourt (78) et "la Pierre Drette" à Guitrancourt (78).
Pratiques funéraires et mégalithisme
Le traitement des défunts prend une forme particulière entre - 4000 et - 2500 ans. Les populations construisent des monuments en pierre de grande dimension, appelés mégalithes. Ces sépultures collectives constituent de véritables tombeaux qui peuvent contenir plusieurs centaines de corps. Des offrandes sont parfois déposées auprès des défunts : haches polies, outils en silex et en os, céramiques et parures. Ces monuments se situent majoritairement dans le nord, en vallée de Seine, mais existent dans tout l'ouest de l'Europe.
Des allées couvertes sont encore visibles aujourd'hui comme le "Trou-aux-Anglais" à Aubergenville, et "La Justice" à Epône.
A Bonnières-sur-Seine, une allée sépulcrale découverte au siècle dernier est encore protégée dans le centre culturel municipal. C’est la seule qui ait conservé une partie de ses défunts (une quarantaine d’individus).
L’hypogée découverte à Jeufosse, quant à elle, est une grotte artificielle creusée dans la craie et entourée d’un mur en pierre. C’est le seul exemple de ce type de sépulture dans la région.
Les dalles de ces monuments mégalithiques sont parfois ornées de gravures difficiles à interpréter. C’est le cas du "Trou aux Anglais" à Aubergenville par exemple. Et une dalle du mégalithe de Marly-le-Roi porte la gravure stylisée d’une hache et de son manche ainsi qu’un grand carré dont le centre est piqueté. Ces gravures sont-elles des témoignages de cultes qui pouvaient être pratiqués par les populations du Néolithique ?
En dehors de ces pratiques funéraires collectives, les inhumations individuelles ne disparaissent pas. Quelques tombes antérieures au IVe millénaire ont été découvertes, comme celles de Rueil-Malmaison. Les individus sont généralement enterrés sur le dos ou en position latérale et sont parfois accompagnés d'objets (bracelet en schiste, outil en silex...).