Antiquité (la Gaule romaine)
Le territoire et les hommes
Contrairement aux périodes précédentes, à l’époque gallo-romaine l’ensemble du territoire est très peuplé et la distinction nord/sud est moins marquée.
Les Yvelines et les Hauts-de-Seine faisaient partie de la province romaine appelée La Lyonnaise.
Les villes principales sont les chefs-lieux des cités, entités territoriales et administratives reprenant le découpage des peuples de l’époque gauloise. Les chefs-lieux les plus proches sont Chartres, Paris, Evreux et Rouen.
Il existe aussi des agglomérations plus petites. Dans les Yvelines, on trouve seulement des agglomérations de moyenne importance comme Jouars-Pontchartrain (Diodurum), Septeuil, Les Mureaux, Epône, Maule, Bonnières-sur-Seine et Ablis. Il existe de fortes probabilités pour qu’Houdan et Poissy soient également des agglomérations gallo-romaines.
Le réseau routier est bien développé, il forme de grands axes reliant entre eux les chefs-lieux de cité. Le réseau de voies terrestres est également constitué de voies secondaires pour les agglomérations de moindre importance et la desserte des villae. Le transport des marchandises se réalise de préférence par voie fluviale sur de grandes barques à fond plat qui remontent les rivières. Avec la Seine, trois rivières sont navigables, la Mauldre, la Vaucouleurs et l’Epte, réservées aux petites embarcations.
Un aménagement portuaire a été construit aux Mureaux, au début du Ier siècle, de part et d’autre de la voie terrestre allant de Beauvais à Orléans. Les objets découverts témoignent d'un commerce florissant avec l'Italie. Des milliers d’écailles de poisson recueillies suggérent aussi la présence d’une pêcherie où l’on préparait le poisson avant de l’exporter.
Production agricole et artisanale
De nombreuses fermes gauloises perdurent sans grandes modifications. Mais un mode d’exploitation agricole plus extensif apparaît : la villa.
Une villa gallo-romaine se compose de deux ensembles : le bâtiment résidentiel, réservé au propriétaire (pars urbana), parfois associé à un bâtiment de stockage et un ensemble de bâtiments d’exploitation (granges, cellier, ateliers…) ou pars rustica. Plusieurs villae ont fait l’objet de fouilles archéologiques. Les mieux connues sont celles des Mesnuls, de Limetz-Villez et de Richebourg (78) dont la pars urbana a été exhaustivement étudiée.
Cette dernière possédait un vaste bâtiment stockant probablement les récoltes de céréales d’autres domaines. En effet, ses capacités de stockage sont supérieures à celles d’une simple villa et l’étude des pollens retrouvés sur le site a montré que les céréales entreposées n’étaient ni cultivées, ni préparées sur place. Cette importante quantité est probablement due au commerce avec Rome qui a de gros besoins en céréales pour approvisionner son vaste Empire et ses armées.
Des fouilles ont permis de mettre au jour plusieurs sites de fabrication de céramique. En effet, la majeure partie de la vaisselle utilisée provenait d’ateliers locaux ou régionaux. Epône possède son propre atelier de potiers tout comme Jouars-Pontchartrain. Ces ateliers sont liés aux agglomérations qui leur amènent une clientèle immédiate.
A La Boissière-Ecole, il s’agit d’un véritable atelier de potiers rural qui fonctionne du Ier au IIIe siècle. Il vend ses céramiques dans un périmètre de 30 à 40 km alentour. Le site a pu être étudié dans son intégralité, ce qui est rare, permettant d’avoir une compréhension globale de l’organisation de la production des poteries de à cette période. Certaines formes témoignent de l’adoption de goûts gallo-romains, comme les premiers poêlons utilisés pour faire frire les aliments.
A l'époque gallo-romaine, la production de tuiles est attestée par la découverte de fours spécifiques comme à Meudon (92). Les artisans gallo-romains maîtrisent également le soufflage et le moulage du verre pour produire des récipients ou du verre à vitre (aux Mureaux).
La métallurgie du fer est une activité certaine à Arnouville-les-Mantes au premier Moyen Âge, mais elle date probablement de la période gallo-romaine.
Architecture et habitat
L’habitat présente des formes diverses. Les maisons peuvent être de simples bâtiments sur poteaux et clayonnage, recouverts de torchis, ou des bâtiments en pierre, luxueux et de grandes dimensions, comme la villa palatiale de Saint-Martin-de-Bréthencourt (78).
Les matériaux de construction varient selon la richesse du propriétaire et la fonction des bâtiments. Dans la vaste cité antique de Diodurum (Jouars-Pontchartrain), bien que la plupart des habitats soient construits en bois et en torchis, des maisons bâties sur des murets de pierre ont été mises au jour, ce qui montre une évolution dans l’architecture courante.
Certaines villae possèdent des éléments caractéristiques du mode de vie gallo-romain tels que des bains privés avec des pièces chauffées par hypocauste (à Limetz-Villez), des galeries à colonnade en façade et dont certaines pièces sont ornées de décors en marbre sur les sols et les murs. D'autres villae possèdent aussi des mosaïques comme celle de Saint-Martin-de-Bréthencourt, des marbres et des pierres ornementales provenant de tout l’Empire, utilisés en placages muraux ou en dallage.
Celles de Richebourg, Limetz-Villez et Crespières, ont fourni des fragments de peintures murales. La villa de "La Millière", aux Mesnuls (78), possède des peintures exceptionnelles : le plafond d'une pièce de bains présentait une voûte d’arrête où quatre médaillons peints représentent les quatre saisons (la "tête de l'été" est visible au Musée d'archéologie nationale).
Fait plus rare, devant le bâtiment résidentiel de la villa de Richebourg s’étendait un jardin d'agrément. Un grand nombre de pots de fleurs perforés y ont été découverts. Ils permettaient de transplanter des arbustes à espaces réguliers et géométriquement. Les analyses des pollens ont permis de mieux connaître les essences sélectionnées. On y trouve essentiellement des conifères (mélèze, sapin et cèdre) et peut-être des oliviers, importés de Méditerranée. Une pergola aménagée au-dessus des deux allées perpendiculaires devait être recouverte de rosiers. Ainsi, grâce à ces études, le premier plan précis d'un jardin "à la romaine" a pu être reconstitué au nord de la Gaule. Il s'agit d'une première en France.
En dehors des bâtiments résidentiels et privés, les villes se dotent également de bâtiments publics pour se rapprocher de la vie romaine. Ainsi, la cité de Diodurum possédait un théâtre.
A Vanves, des thermes de grande envergure, peut-être en relation avec un sanctuaire périurbain proche de Lutèce, ont pu être fouillés dans les années 1990.
Vie spirituelle
Les recherches archéologiques ont permis de découvrir plusieurs lieux de culte gallo-romains, principalement dans les Yvelines.
Si les bâtiment cultuels sont assez répandus sur l'ensemble du territoire, la nature du culte et le nom de la divinité restent souvent difficiles à identifier.
Certains sanctuaires gaulois, initialement en bois, sont reconstruits en pierre au Ier siècle, comme celui de Benencourt. Ces bâtiments suivent le plan carré du temple gaulois et sont alors appelés "fanum".
L'espace sacré, dédié à la divinité et réservé au clergé, appelé cella, est entouré d’une galerie périphérique que les fidèles empruntent pour déposer leurs offrandes.
D'autres fanum sont aussi bâtis sur des espaces vierges, comme celui de la cité de Diodurum (Jouars-Pontchartrain).
Dans les villae, il peut exister à la fois un petit "autel privé" dans une pièce, pour un culte domestique par exemple, et un bâtiment à part, de type fanum, comme c'est le cas dans la villa de Richebourg.
L'agglomération antique de Septeuil (78) possédait un véritable temple dédié à une déesse des sources (un nymphée). L’étude de ce sanctuaire, construit à la fin du Ier siècle, a nécessité une campagne de fouille subaquatique. En effet, l'édifice était noyé par la source sur laquelle il a été bâti.
Les fidèles rendaient un culte à une divinité des sources (nymphe), représentée par une statue en marbre de Carrare, placée dans une niche du bâtiment. Elle porte une urne d'où sortait de l’eau grâce à un ingénieux système hydraulique. Au milieu du IVe siècle, le sanctuaire est réaménagé pour être voué au culte de Mithra, divinité d'origine orientale.
Une reconstitution de ce nymphée, tel qu’il a été trouvé lors des fouilles, est visible aujourd’hui à proximité.
A l’époque gallo-romaine, les lieux d'inhumation se situent hors des sites habités. Les corps étaient souvent incinérés, puis à la fin de l’Empire romain, probablement en lien avec le développement du christianisme, on adopte à nouveau l’inhumation.
Les fouilles d'une vaste nécropole à Maule (78) ont mis au jour près de 200 de tombes gallo-romaines sur le millier identifié sur ce site.
A Septeuil, un nouveau-né a été retrouvé inhumé dans une jarre, à l'intérieur d'un habitat, comme à Limetz-Villez, où plusieurs nouveaux-nés avaient été déposés, à l’extérieur de la villa, tout près du mur d’enceinte.